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Quelques aspects de l’essor du libéralisme en Russie au début du XIXe siècle

Maya GOUBINA

Bibliothèque Inter-Universitaire des Langues Orientales

Index matières

Mots-clés : libéralisme, Russie, XIXe siècle, voyages en France, influences idéologiques

Plan de l'article

Texte intégral

« L’époque d’Alexandre Ier fut avant tout celle de la diffusion des idées libérales en Russie, une époque qui vit mûrir la conscience libérale des hautes sphères de la société, où évoluèrent les représentants les plus importants de ce courant politique »[1].

Sources, méthodes, limites chronologiques, cadre historique

Ce travail s’inscrit dans l’étude de la transposition du concept du libéralisme en Russie et de sa réception par les intellectuels russes au début du XIXe siècle. Ce thème peut être traité sous deux angles. D’une part, nous pouvons analyser la pensée socio-politique russe en la comparant avec les idées libérales classiques européennes de la même période. Mais cette approche nous conduirait à négliger la spécificité de la vie intellectuelle russe du début du XIXe siècle. Donc, sous un autre angle, nous pouvons tenter de définir des critères du libéralisme dans la société russe de l’époque. En effet, une même pensée peut être perçue comme libérale dans le monde russe, sans l’être pour autant dans le contexte européen de l’époque. Cependant, c’est une entreprise très complexe qui dépasse le cadre de notre corpus. Ainsi, nous nous limiterons ici à l’analyse de la pensée russe que nous comparerons plus précisément à la pensée française.

Le choix de la France s’explique non seulement par le fait que ce pays appartient à l’aire géographique de nos recherches, mais aussi par ce que le début du XIXe siècle a vu l’essor de la pensée libérale en France[2]. Les idées de Benjamin Constant, telles que formulées dans son ouvrage Principes de politique[3], serviront de base à notre comparaison. En revanche, les sources russes seront, naturellement, plus nombreuses.

Les documents privés – les mémoires, les journaux intimes, la correspondance – sont les sources parmi les mieux appropriées à l’étude des mentalités. Mais le choix de ce genre de documents nous a fait nous heurter à un autre problème méthodologique. Choisirons-nous les écrits des Russes qui étaient considérés comme libéraux ou les notes de ceux qui se considéraient comme tels ? Nous avons choisi d’étudier les documents privés des Russes ayant visité la France et, plus précisément, les notes qu’ils ont prises lors de leurs séjours dans ce pays. Ce choix répond à deux exigences. D’une part, nous pouvons espérer avoir une palette plus représentative de l’opinion russe que si nous nous étions limités à l’utilisation des écrits soit des contemporains qui se disaient libéraux, soit de ceux qui étaient considérés comme tels. D’autre part, il n’est pas exclu que le rapport des Russes aux idées et aux institutions libérales ait été plus clairement exprimé par les voyageurs qui observaient personnellement la réalité européenne où le libéralisme gagnait toujours plus de terrain, tant dans la vie intellectuelle que dans l’organisation et le fonctionnement de l’Etat.

Quelques précisions concernant le choix des documents étudiés sont nécessaires, le corpus des écrits des voyageurs étant considérable. Nous allons étudier les récits de voyage des voyageurs civils aussi bien que les carnets de route des militaires. Les écrits de ces derniers méritent pleinement d’être examinés dans le cadre d’une étude sur la perception de l’autre, comme le prouvent les résultats des recherches des spécialistes de la littérature des voyages[4] ainsi que notre travail de thèse. Par ailleurs, nous utilisons les notes des Russes qui étaient de passage en France. Autrement dit, nous n’exploitons pas les écrits de ceux qui y ont résidé de façon constante pendant une période prolongée, qu’il s’agisse de civils ou de militaires.

Nous utilisons principalement la correspondance et les journaux intimes des voyageurs ayant visité la France entre 1805 et 1815. Les mémoires rédigés avant 1815 sont également analysés[5]. Pourquoi ces limites chronologiques ? L’histoire nationale de la France aussi bien que celle de la Russie de cette période sont particulièrement intéressantes dans le cadre de cette étude. D’une part, le premier quart du XIXe siècle est une période d’effervescence des idées et des attentes libérales en Russie. C’est l’époque de la formation du mouvement et de l’idéologie décembristes, idéologie considérée comme le sommet de la pensée socio-politique russe de cette période. D’autre part, à ce moment, les voyageurs russes ont pu observer la réalité française sous différents régimes politiques. Les années 1810 sont marquées par la consolidation du régime impérial, puis par sa chute spectaculaire et l’établissement de la monarchie constitutionnelle sous la Restauration. Les participants des campagnes militaires de 1813-1815, voyageurs « malgré eux », ont vu le pays en pleine mutation.

La spécificité de l’évolution de la pensée socio-politique russe de la période étudiée nous a permis de définir plus précisément les limites chronologiques de ce travail. D’une part, Vassili Semevski signale que les décembristes ont beaucoup lu les œuvres des penseurs européens surtout après avoir participé aux campagnes de l’armée russe des années 1813 – 1815 et après avoir observé la réalité européenne lors de ces campagnes[6]. Il s’ensuit que les idées socio-politiques russes avaient subi l’influence non seulement de ces campagnes mais aussi de ces lectures durant la deuxième décennie du siècle. D’autre part, les spécialistes de l’histoire du libéralisme russe signalent que les années 1815-1820 ont été une période à part : celle du libéralisme dit « de commande » (zakaznoj)[7]. C’est à cette époque que la société russe a assisté à une discussion assez importante sur les principes de la doctrine libérale menée par la presse russe, celle-ci restant toutefois censurée. Cette discussion a nécessairement influencé l’état d’esprit de la société.

Il est, par conséquent, pertinent de considérer l’année 1815 comme la date limite de la première période de l’essor de la pensée libérale russe qui inclut la première quinzaine d’années du XIXe siècle. Les années 1815-1825 constituent, à notre avis, la période suivante lors de laquelle les nouvelles connaissances (vues, lues, apprises, rapportées et discutées) sur le progrès européen ont été assimilées. L’un des exemples les plus marquants de cette assimilation a, d’ailleurs, été la tentative, soldée par un échec, d’une partie de la jeunesse aristocratique russe pour appliquer en décembre 1825 une nouvelle vision socio-politique.

Aussi avons-nous choisi d’étudier la pensée russe en la comparant avec les idées de Benjamin Constant, mais avant que les idées de ce penseur français n’aient été connues en Russie. Par ailleurs, la censure ne permettait pas aux mémorialistes russes d’exprimer ouvertement leurs opinions, en particulier quand elles étaient libérales, et à fortiori quand leurs écrits étaient destinés à la publication. Nous allons ainsi essayer de reconstruire leurs opinions en analysant l’ensemble de leurs sentiments et réactions exprimés à l’égard de la réalité française.

Esquissons brièvement l’état de la pensée russe de l’époque, marquée par l’essor des idées libérales. Les événements de l’histoire russe aussi bien que ceux de l’histoire européenne en ont été les causes principales.

En ce qui concerne l’histoire russe, c’est la politique des souverains qui y a beaucoup contribué soit en encourageant soit, paradoxalement, en interdisant la pensée libérale. En outre, l’alternance, en Russie, à la fin du XVIIIe siècle et au début du XIXe, de règnes à orientations opposées, a en elle-même contribué à la cristallisation du courant plus ou moins libéral de la pensée politique russe. Ainsi, « l’absolutisme éclairé » (prosveŝennyj absolûtizm) et les idées des Lumières répétées dans les documents rédigés par Catherine II avaient préparé les esprits éclairés en Russie à la possibilité de l’évolution du régime politique russe dans une direction, sinon libérale, du moins plus humaine[8]. En outre, certaines mesures prises par Catherine lors de son règne[9] et son intérêt, sincère ou non, mais en tout cas affiché, pour les idées de Voltaire, Montesquieu et autres représentants des Lumières françaises, ont illustré ces tentatives d’évolution, en dépit de l’aggravation de la condition serve[10]. Le successeur de Catherine, son fils Paul, tenta en revanche d’établir un régime de contrôle total lors de son court règne[11] (1796-1801). La tyrannie de Paul Ier conduisit les Russes à mieux apprécier les déclarations de Catherine marquées par l’esprit des Lumières. La promesse faite par Alexandre Ier de gouverner « dans l’esprit de sa grand-mère » et, surtout, plusieurs démarches d’inspiration libérale effectuées par le jeune empereur au début de son règne enthousiasmèrent de nouveau toute la société éclairée[12]. L’attitude prometteuse d’Alexandre déclencha une vague d’espoir dans une société qui venait de traverser une période étouffante de despotisme. Aussi, les discussions sur les diverses voies que pourrait emprunter l’évolution de la Russie devinrent-elles presque une mode en Russie. Jusqu’en 1803, l’empereur Alexandre lui-même, discutait avec ses amis les plus proches sur le thème des réformes en Russie au sein d’un Comité secret[13] (Neglasnyj komitet), dont l’existence n’était cependant pas inconnue de la haute société russe de l’époque. Enfin, le Vestnik Evropy [Le Messager de l’Europe], la revue fondée par Nikolaï Karamzine, informe régulièrement ses lecteurs sur les questions socio-politiques :

C’est dès la première décennie du XIXe siècle que, grâce au Vestnik Evropy, le lecteur russe a découvert les constitutions européennes en vigueur[14]

Par ailleurs, la Révolution française, puis l’instauration du Consulat et de l’Empire ont également beaucoup influencé le cours de la vie intellectuelle russe de l’époque. Les historiens considèrent que la Révolution française a non seulement vivement intéressé et impressionné la société russe, mais qu’elle précède même le règne[15] et l’assassinat de Paul Ier dans la hiérarchie symbolique des événements qui ont façonné l’opinion publique russe du début du XIXe siècle.[16] Déjà les contemporains eux-mêmes se rendaient compte du fait que deux événements, les leçons de 1789 et le règne de Paul Ier, avaient joué un rôle décisif dans la formation de la pensée socio-politique russe du premier quart du XIXe siècle :

Selon la formule de Karamzine, Paul Ier est parvenu, pour la monarchie absolue, au même résultat que les Jacobins avant lui pour la République : il a rendu haïssable l’abus d’un pouvoir sans limites.[17]

V. Léontovitch considère, par ailleurs, que l’intérêt d’Alexandre Ier et de son entourage pour le problème constitutionnel est aussi une suite logique des expériences française et russe[18]. Enfin, selon Bokova :

Si l’on résume les leçons que la société russe a tirées, d’abord, des événements français et, ensuite, du règne de Paul et de sa triste fin, l’on peut dire qu’ils [ces enseignements] ont suscité chez elle [la société russe] l’aversion envers tout radicalisme — celui du « déchaînement de la populace » comme celui des extrêmes du « sceptre de fer » — et ont éveillé l’aspiration à la stabilité, à un pouvoir raisonnable et modérément ferme et à un système politique stable.[19]

Notons que, de ce point de vue, l’état d’esprit de la société russe était tout à fait comparable à celui de la société française au même moment. Il nous semble, d’ailleurs, que les historiens ne soulignent pas assez ce fait :

Le despotisme, pas plus que l’anarchisme, ne trouveront sous le règne des derniers Bourbons, les moindres défenseurs. On repousse toute tyrannie ; on ne conçoit aucun communisme. Les libéraux les plus convaincus reconnaissent que, seule, une autorité réelle peut garantir la liberté ; les absolutistes les plus fermes respectent en l’individu, l’homme moral.[20]

Et, plus précisément, les libéraux français du début de la Restauration considèrent que cet « individu doit être également à l’abri des empiètements du despotisme et de l’asservissement des masses ; il doit se parer à droite et à gauche. Ni Napoléon, ni Robespierre ».[21]

Ainsi, d’un point de vue général les sociétés russe et française ont tiré des leçons historiques identiques des événements de la fin du XVIIIe et du début du XIXe siècle. A la lumière de cette observation, il est donc très intéressant de présenter la comparaison des idées socio-politiques russes et françaises de l’époque.

Le concept français du libéralisme. B. Constant

Rappelons les idées principales du libéralisme français du début du XIXe siècle avant de les comparer avec les notions socio-politiques des contemporains russes.

L’individu et son droit premier — la liberté — constituent l’idée fondamentale de la doctrine du libéralisme. Appliquée à des différents domaines de la vie sociale, elle permet de construire les « formules » du développement de la société. Nous omettons ici les aspects philosophique et économique de la doctrine du libéralisme et nous nous concentrons sur le volet politique et social.

Pour Benjamin Constant, la liberté politique et la liberté civile sont toutes les deux nécessaires :

Constant [...] entrevit l’affaiblissement qui découlerait pour la cause individualiste d’une scission entre la liberté politique et la liberté civile.[22]

En outre, Benjamin Cosntant insiste fortement sur la limitation impérative de tout pouvoir, qu’il émane du monarque ou du peuple :

La souveraineté n’existe que d’une manière limitée et relative. Au point où commencent l’indépendance et l’existence individuelle, s’arrête la juridiction de cette souveraineté.[23]

Par conséquent, le penseur élabore un système assez complexe de distinction des pouvoirs. Sans renier la division tripartite de Montesquieu, il signale cinq pouvoirs :

On n'a distingué jusqu'à présent dans les organisations politiques, que trois pouvoirs. J'en démêle cinq, de natures diverses, dans une monarchie constitutionnelle : 1) le pouvoir royal ; 2) le pouvoir exécutif ; 3) le pouvoir représentatif de la durée ; 4) le pouvoir représentatif de l'opinion ; 5) le pouvoir judiciaire. Le pouvoir représentatif de la durée réside dans une assemblée héréditaire ; le pouvoir représentatif de l'opinion dans une assemblée élective ; le pouvoir exécutif est confié aux ministres ; le pouvoir judiciaire aux tribunaux. [...] Le pouvoir royal est au milieu, mais au-dessus des quatre autres, autorité à la fois supérieure et intermédiaire.[24]

L’analyse des droits d’éligibilité et d’élection proposés par Benjamin Constant permet de conclure que son système est appelé à être fondé sur les classes moyennes supérieures, c’est-à-dire essentiellement sur la bourgeoisie assez riche. « Aucune autorité sur la terre n'est illimitée, ni celle du peuple, ni celle des hommes qui se disent ses représentants, ni celle des rois [...] ni celle de la loi » [25], souligne Constant. Et il poursuit :

Les citoyens possèdent des droits individuels indépendants de toute autorité sociale ou politique [...] Les droits des citoyens sont la liberté individuelle, la liberté religieuse, la liberté d'opinion, dans laquelle est comprise sa publicité, la jouissance de la propriété, la garantie contre tout arbitraire.[26]

Enfin, la justice est également évoquée en tant que garantie conte la violation de ces droits[27].

La liberté individuelle est, bien entendu, le droit principal de chaque citoyen. Elle est « le but de toute association humaine ».[28] Benjamin Constant indique ses « boulevards » qui sont : « La liberté de la presse [...], la responsabilité des ministres, [...] l'existence d'une représentation nombreuse et indépendante ».[29] Dans un petit chapitre sur la liberté de la presse, Benjamin Constant relève les conséquences réelles de son application dans la vie sociale française :

Jamais la liberté ou plutôt la licence de la presse ne fut plus illimitée : jamais les libelles ne furent plus multipliés sous toutes les formes, et mis avec plus de recherche à la portée de tous les curieux.[30]

C’est, d’ailleurs, cet aspect qui attirera, nous le verrons, l’attention des observateurs russes. Cependant, tout en approuvant les limites généralement admises à la liberté de la presse - « des provocations au meurtre et à la guerre civile, des invitations à l'ennemi étranger, des insultes directes au chef de l'état »[31] - Constant insiste sur la nécessité des garanties contre le dernier excès.

En outre, le chapitre intitulé « de la liberté individuelle » est consacré en grande partie à la mise en garde contre l’arbitraire, considéré comme « le véritable ennemi », « ce qu'il y a de plus contraire » aux « garanties individuelles », à la « sûreté publique » et « à la sûreté et à l'honneur de tout gouvernement ».[32] Dans cette logique, Benjamin Constant souligne l’importance extrême des bonnes lois pour assurer la liberté individuelle du citoyen :

En disant à un peuple : vos lois sont insuffisantes pour vous gouverner, l'on autorise ce peuple à répondre : si nos lois sont insuffisantes, nous voulons d'autres lois[33]

En outre, le caractère public des procès judiciaires est une des choses acquises et indiscutablement fondamentales pour lui :

Je suppose d'ailleurs établies et consacrées l'institution des jurés, la publicité des procédures et l'existence de lois sévères contre les juges prévaricateurs[34]

Par ailleurs, B. Constant, souligne l’extrême importance de l’inamovibilité des juges qui leur donnera « l'impartialité, la modération et le courage ».[35] Enfin, pour « Benjamin Constant, représentant typique et important du libéralisme », la liberté consistait avant tout en « la jouissance de l’indépendance personnelle, laquelle est assurée par les droits civils et les garanties de ces droits, inhérentes au régime civil ».[36]

En terminant ce bref rappel des éléments fondamentaux de la doctrine de B. Constant, soulignons ce qu’il considère comme les véritables acquis positifs que la société française a hérités de la Révolution :

Nous avions affranchi le paysan de la dîme, le protestant de l'intolérance, la pensée de la censure, le citoyen de la détention et de l'exil arbitraires, le plébéien des outrages des privilégiés.[37]

Quels sont les aspects de la réalité sociale et politique française qui ont retenu l’attention des voyageurs russes entre 1805 et 1815 ?

La vision russe de la France : 1805-1815

Il est, avant tout, essentiel de constater que nous sommes privés de la possibilité d’analyser l’attitude russe envers le postulat crucial du libéralisme : celui de la liberté individuelle. Les contraintes de la censure en sont probablement la cause principale. En outre, la liberté individuelle était un droit acquis par les Français déjà auparavant. Cependant, la comparaison plus ou moins consciente de la réalité française avec la réalité russe n’évoquait pas forcément chez les Russes un questionnement sur ce problème. Il ne faut pas oublier (le contraire serait une vision rétrospective) que l’abolition du servage n’était pas du tout perçue en Russie du début du XIXe siècle comme une nécessité :

Rares furent ceux [...] qui comprirent à cette époque que […] la possibilité d’un développement social en Russie passe par l’émancipation préalable des paysans. La majorité libérale sous Alexandre Ier voulait avant tout les libertés politiques pour les couches supérieures[38]

De plus :

[…] il est très intéressant de noter qu’à l’opposé, les partisans de l’abolition immédiate et générale du servage sous Alexandre Ier [...] ne tenaient pas l’établissement de la constitution en Russie pour souhaitable et prirent parti pour le maintien de l’absolutisme.[39]

Par ailleurs, les écrits des Russes ne font pas état de l’attitude de ceux-ci envers la liberté politique des citoyens français.[40] Il est vrai que la Charte de la première Restauration n’a été octroyée que le 4 juin 1814, tandis que les militaires russes observaient la réalité française dès le mois de janvier de cette même année.[41]

Ces deux exemples illustrent la difficulté méthodologique que nous avons signalée en introduction. En effet, dans la mesure où les Russes n’adhéraient pas simultanément à ces deux principes, ni les partisans des libertés politiques (droit d’élection libre au moins dans un système censitaire) ni les partisans des libertés civiles (abolition du servage en premier lieu) ne peuvent être considérés comme libéraux du point de vue proprement « constantien ».

Nos sources ne comportent pas d’observations des mémorialistes concernant strictement la liberté individuelle. Les voyageurs russes s’expriment plus ou moins explicitement sur les droits des citoyens qui sont, d’après Benjamin Constant, les « boulevards » de cette liberté individuelle, ainsi que sur les exemples concrets de l’application de ces droits : le comportement des citoyens et les lieux de la vie sociale.

Premièrement, il s’agit de la liberté d’opinion et de parole. Constant lui-même constate que le respect de ce droit du citoyen a rendu l’information plus accessible. C’est précisément ce qui est signalé et apprécié par les Russes :

Dans aucune ville du monde ne paraissent autant de revues, l’on n’imprime quotidiennement autant de journaux, l’on ne les lit aussi volontiers qu’à Paris.[42]

Ils décrivent l’offre plus importante et plus accessible – le coût plus modéré des périodiques, l’existence de lieux spécialisés pour les consulter :

L’on ne peut pas ne pas mentionner les cabinets de lecture que l’on peut trouver dans chaque rue importante et où moyennant cinq sous pour une entrée ou cinq francs par mois l’on peut lire tous les journaux et revues, scientifiques et politiques français et, parfois, étrangers ainsi que tous les livres qui paraissent.[43]

Plus loin le mémorialiste indique avec satisfaction que ces cabinets de lecture sont toujours pleins de monde ; il signale aussi les « centaines des librairies et des imprimeries »[44]. Il est vrai que parallèlement il y voit aussi un vice : parmi toutes les publications qui sortent, il en est de peu dignes.[45]

En outre, ils désapprouvent finalement la diversité des opinions. Tout en se rendant compte du fait que la liberté de parole est un des acquis principaux de l’émancipation de la société, ils critiquent ses conséquences : « Ici chacun peut se disputer avec un général : ce sont encore les restes de l’ancienne liberté dorée».[46]

Qu’en est-il des écrits des Russes à propos de la liberté de conscience qui faisait partie de la vie sociale française de l’époque ? Certains désapprouvent, naturellement, le délaissement de la religion en France.[47] Les autres approuvent la liberté de conscience :

[…] j’aime qu’ici il y ait des possibilités de choisir : par exemple, aujourd’hui [jour de fête religieuse], il y a la messe, la liesse populaire et le théâtre en même temps : chacun peut choisir ce qu’il veut.[48]

La question de la richesse de la vie sociale est ainsi évoquée. L’offre très importante dans le domaine des divertissements publics est sincèrement appréciée par les Russes. F. N. Glinka décrit avec sympathie la multitude des représentations théâtrales populaires à Paris.[49] L. A. Tsvetaev vante l’accessibilité des divertissements pour les représentants des différentes classes sociales. Son approbation est renforcée par l’évocation en filigrane de la situation déplorable en Russie :

Les ouvriers trouvent des bals où ils paient 8 sous l’entrée et où ils dansent tant qu’ils veulent avec leur belle sans ressentir le besoin de se soûler[50]

Et il insiste en revenant sur cette question plus loin :

Paris est unique parce que les riches aussi bien que les pauvres peuvent y jouir de la vie ; les riches trouveront moyen de dépenser des millions, et les pauvres pourront également se divertir pour pas cher[51]

Par ailleurs, le même mémorialiste signale avec approbation l’accès plus facile pour un très large public aux institutions de la culture :

Les établissements des Lumières de la nation. Voici la vraie richesse de Paris. [...] combien de bibliothèques, combien de [...] musées [...] Il n’y en a pas autant dans les autres villes de l’Europe, et pour pouvoir les visiter il faut avoir un titre, des relations, de l’argent ; à Paris tout est ouvert pour tous ; pour les pauvres aussi bien que pour les riches.[52]

Cette question de l’accessibilité de la vie sociale fait en même temps partie d’un plus large sujet, celui de la dignité humaine de chacun qui mérite le respect de tous. Certaines observations des Russes restent encore à la limite entre la perception du monde libéral et celle des Lumières. Cette ambiguïté est visible dans les considérations pré-citées. Il en est également ainsi de leur appréciation de la conception humaniste qui a présidé à l’édification de l’Hôtel des Invalides : « Dans ce bâtiment grandiose, les invalides vivent beaucoup mieux que nous [en Russie] ».[53] En restant dans la même logique L. A. Tsvetaev loue le progrès des hôpitaux à Paris (qui prennent soin même des malades à domicile) et une institution d’aide à ceux qui ont failli être noyés.[54] Il note d’ailleurs avec satisfaction qu’une institution du même type va être créée à Moscou.

Cependant, une appréciation plus lucide de l’attention envers l’individu de toute classe sociale perce dans les observations des Russes. Ils se rendent manifestement compte de l’un des acquis des Français évoqués ci-dessus dans la formulation de Benjamin Constant : l’affranchissement du « plébéien des outrages des privilégiés ». Ainsi, L. A. Tsvetaev s’exprime très clairement pour la rigueur, et non la brutalité, pour l’insistance, et non le despotisme, qui définissent, d’après lui, l’attitude des supérieurs envers leurs subordonnés dans l’armée, dans l’administration et dans les tribunaux français.[55] Le parallèle implicite avec la situation en Russie devient encore plus évident à la constatation du fait que « le soldat [français] ne connaît point le bâton ».[56] Les notes de l’officier Vepreïski qui a pris part aux campagnes de 1813-1815 sont, dans ce registre, encore plus frappantes. Le mémorialiste semble penser que le séjour en France aurait créé une atmosphère inhabituelle dans les troupes russes. Il est enthousiasmé de voir qu’un certain respect envers le soldat peut exister dans l’armée russe, il en constate les conséquences :

Je suis ici, à Nancy, déjà depuis un mois [...] notre armée a maintenant belle allure, telle qu’elle n’avait jamais eue [...] tout se passe bien et sans [qu’on utilise] les bâtons ; l’on entend rarement parler de bêtises. Pourquoi ? Parce que les soldats sont contents de tout et commencent à avoir l’impression de compter pour quelque chose et ils en sont fiers. Comment sera le chemin de retour en Russie bénie ![57]

Les historiens confirment, en effet, que les militaires russes – les soldats aussi bien que les officiers – ont été fortement impressionnés par un plus haut degré de respect porté à la personne dans la société française et, plus précisément, dans l’armée française[58].

Les mémorialistes russes s’expriment sur certaines garanties contre l’arbitraire fonctionnant déjà dans la société française. Ainsi, la transparence de la justice française est, pour eux, un progrès. L’humanisation des procès (le droit des accusés d’avoir des avocats), le caractère public des procès[59] et le rôle de l’opinion publique[60] sont signalés avec approbation. F. N. Glinka consacre plusieurs pages à la description du déroulement de la justice. « J’aime beaucoup qu’ici l’on juge toutes les affaires les plus importantes à portes ouvertes ».[61] Il admire le droit de tous les « bons citoyens » d’être présents lors des procès, d’émettre ensuite un avis commun qui peut, parfois, influencer la résolution des juges. Il est intéressant que même l’accès de la « populace » (čern’) aux procès est approuvé par L. A. Tsvetaev dans ses notes de 1806 : « La populace ne connaît pas les lois civiles, mais elle a le sens général de la justice, car chacun a sa conscience morale.»[62] Remarquons que le même auteur n’hésite pas, par ailleurs, à critiquer le bas niveau de conscience socio-politique de cette même populace.[63]

Les deux mémorialistes – Tsvetaev et Glinka – évoquent également la mise au point des lois françaises. Une bonne législation étant la « pierre fondatrice » (kamenʹ osnovaniâ) du « bonheur public » (obŝestvennoe sčastie)[64], quels en seraient les critères ? F. N. Glinka en indique deux : la netteté et la sincérité. L. A.Tsvetaev loue la précision et le laconisme du Code civil français, dont « les rédacteurs se souvenaient du fait que ce document s’adressait non seulement aux professeurs mais à tout le peuple qui avait besoin de comprendre afin de pouvoir le respecter ».[65] Il signale que les lois civiles françaises se distinguent par « l’équité, la liberté raisonnable et la modestie »[66] et considère que le Code civil français est digne d’être reproduit dans les autres pays. Il est notable que Tsvetaev souligne que ce document constitue le bienfait le plus important que les Français aient reçu de la part de Bonaparte.[67] Enfin, le mémorialiste constate l’humanité du code pénal, malgré le fait qu’il ait été introduit pendant « la révolution la plus sanglante ».[68]

Est-il possible de relever l’opinion russe concernant le rôle du pouvoir dans la vie publique et l’attitude qu’un peuple devrait avoir envers son gouvernement ?

Les militaires russes témoignent avec stupéfaction de la désobéissance des campagnards français. Les billets officiels[69] des pouvoirs locaux contraints de répondre en 1814 aux exigences des vainqueurs n’ayant produit sur eux aucun effet, ils osent exiger une indemnisation supplémentaire pour le logement des troupes.[70] Il est possible que le mémorialiste ait insisté sur cet épisode afin de souligner la « générosité » et les intentions pacifiques de ses compatriotes qui ont consenti à payer sans recourir à la force contre la population du pays vaincu. Toutefois, on ne saurait nier que l’attention de l’observateur russe ait été attirée par le fait que le pouvoir n’avait apparemment pas une autorité indéniable aux yeux des villageois français.[71] De plus, nous avons relevé plusieurs remarques du même genre.[72]

Il est donc net que les Russes mettent en question le droit de la population de contester les résolutions du pouvoir qui la gouverne. Mais ils semblent aussi tenir pour nécessaire chez un peuple la fidélité à la personne du monarque ainsi qu’au régime politique. Ayant assisté à la chute de l’Empereur et de son fabuleux empire, ils réfléchissent naturellement beaucoup sur l’attitude des Français envers Napoléon. Ils s’étonnent[73] devant les revirements trop faciles[74], sont surpris de voir les Français oser profaner la mémoire de ce règne. Ainsi, l’attention de plusieurs mémorialistes[75] est attirée par la scène qui a lieu place Vendôme lors de la présence des Alliés à Paris en 1814. La foule des badauds parisiens tente vainement de démolir la statue de Napoléon surmontant la Colonne Vendôme. Informé, Alexandre Ier ordonne de faire cesser l’agitation et de protéger le monument historique.

Il est enfin intéressant de relever les remarques approbatrices des observateurs russes sur la distance apparemment moins grande entre le pouvoir et le peuple en France. Dès 1805 l’attention de L. A. Tsvetaev est attirée par le fait que les promeneurs sont autorisés à entrer dans le jardin de Tuileries en passant par les portes du palais — « la demeure ancienne des Rois et du maître actuel de la France ».[76] Plus tard, en 1814 F. N. Glinka admire la possibilité pour tous les Parisiens de « se promener librement » dans ce jardin.[77] Ces observations recèlent indubitablement les comparaisons implicites avec la situation russe, toute différente.

Des constats plus minutieux prolongent les réflexions des Russes concernant la hiérarchie sociale française. Ainsi, ils ne manquent pas de signaler que les règles de la vie en société ont subi en France quelques changements depuis 1789, certaines s’étant estompées. D’après F. N. Glinka, la Révolution a rendu plus vulgaire l’attitude de l’homme envers la femme. Il critique également la présomption et l’insolence de la jeunesse parisienne[78]. Enfin, « depuis les temps de la Révolution les enfants [en France] tutoient [...] leurs pères, leurs mères et leurs sœurs et vouvoient leurs cochers, leurs laquais et leurs bonnes ».[79] L. A. Tsvetaev signale la recrudescence de l’adultère.[80] D’autres conséquences de l’émancipation de la société française, comme la quantité scandaleuse de prostituées à Paris et la vente de brochures pornographiques qui s’y fait en plein jour sont notées.[81] Cependant, il ne faut pas oublier que ces critiques faisaient partie de l’ensemble des idées russes sur la France depuis la fin du XVIIIe siècle.

Conclusion

Les Russes ont dressé le constat de quelques résultats de la libéralisation de la vie sociale en France qui s’est manifestée à travers l’application des droits des citoyens. Leurs appréciations restent, naturellement, partagées. Ainsi, ils saluent la liberté de la presse tout en restant réticents concernant la diversité des opinions. Ils sont, naturellement, très sceptiques envers le délaissement de la religion. Mais ils font l’éloge de la richesse de la vie sociale et, surtout, de son accessibilité pour toutes les catégories sociales. Certains ont pu observer le fonctionnement des services de l’appareil étatique français pour constater ses progrès, surtout dans le domaine de la justice. Il est remarquable que les observateurs russes signalent avec perspicacité la tendance de la société française à éliminer l’arbitraire aussi dans la vie quotidienne des citoyens. Enfin, les Russes apprécient apparemment la place plus discrète du pouvoir dans l’espace public français, sans approuver l’attitude émancipée — très critique et changeante — des citoyens envers ce pouvoir.

Il est donc clair que les voyageurs russes n’étaient pas prêts à accepter toutes les conséquences de la libéralisation de la société. Nous pouvons constater le caractère conservateur de leur libéralisme qui rejoignait « le libéralisme officiel d’Alexandre Ier dont l’objectif était l’octroi des « institutions légitimement libres » par le pouvoir suprême dans un climat politique intérieur stable, la société restant tout à fait passive ».[82] Enfin, nous pouvons aussi dire que le libéralisme russe de la première décennie du XIXe siècle se trouvait à mi-chemin entre les Lumières et le libéralisme européen.

Notre étude est une reconstruction de la pensée socio-politique russe sur la base des écrits des voyageurs ayant visité la France entre 1805 et 1815. L’ensemble reconstruit reste bien sûr lacunaire et ne permet pas d’identifier l’attitude russe envers tous les principes de la doctrine du libéralisme. Enfin, soulignons encore une fois que nous avons essayé d’analyser l’état d’esprit des Russes cultivés juste à la veille de la popularisation massive des œuvres des grands penseurs et théoriciens du libéralisme européen.

C’est bien ce dernier aspect qui constitue l’intérêt principal de notre étude : il permet d’identifier et d’analyser la spécificité de la pensée socio-politique russe de l’époque. Autrement dit, nous avons tenté de comprendre dans quelle mesure les idées russes étaient préparées pour recevoir le « message » occidental et sur quel terrain ce dernier allait s’implanter. Les résultats de cette étude faciliteront, nous l’espérons, la compréhension de la perception et de la réception russes des concepts du libéralisme européen.

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Notes

[1] Victor Léontovitch, Histoire du libéralisme en Russie, Paris, Fayard, 1986, 479 p., p. 56.

[2] Voir : Dominique Bagge, Les idées politiques en France sous la Restauration, Paris, PUF, 1952, 462 p. ; Félix Ponteil, L’éveil des nationalités et le mouvement libéral (1815–1848), Paris, PUF, 1960, 751 p. etc.

[3] Voir : B. Constant, Principes de politique, applicables à tous les gouvernements représentatifs et particulièrement à la constitution actuelle de la France ; par M. Benjamin Constant, conseiller d’Etat, Paris, A. Eymery, 1815, 324 p. Cependant, cette édition étant difficilement accessible nous en utiliserons une autre, postérieure, mais conforme à celle précitée : B. Constant, « Principes de politique » in Cours de politique constitutionnelle et collection des ouvrages publiés sur le gouvernement représentatif , vol. 1, Paris, Guillaumin, 1872, 166 p.

[4] Voir, par exemple : Nicolas Bourguinat, Sylvain Venayre, éd., Voyager en Europe de Humboldt à Stendhal. Contraintes nationales et tentations cosmopolites. 1790-1840, [Paris], Nouveau monde éd., 2007, 546 p.

[5] Ce choix permet également de pallier, au moins en partie, la difficulté assez fréquente de différencier les documents, notamment imprimés, en fonction du but de leur rédaction. Notre limitation chronologique nous permet de disposer des documents qui nous révèlent l’état d’esprit des contemporains, même s’il est parfois filtré.

[6] Voir : Vasilij I. Semevskij, Političeskiâ i obŝestvennyâ idei dekabristov [La pensée socio-politique des décembristes], Saint-Pétersbourg, Tipografiâ Pervoj Spb. Trudovoj arteli, 1909, p. 209-234.

[7] Voir : Tatʹâna N. Žukovskaâ, Dvorânskij liberalizm pri Aleksandre I : Spory o konstituciâh i « rabstve » v russkih žurnalah 1800–1810-h godov [Le libéralisme de la noblesse sous Alexandre Ier : Les discussions sur les constitutions et sur l’« esclavage » dans les revues russes des années 1800–1810], Petrozavodsk, PetrGU, 2002, p. 15.

[8] Le Nakaz eâ imperatorskago veličestva Ekateriny Vtoryâ samoderžicy vserossijskiâ dannyj Kommissii o sočinenii proekta novago Uloženiâ. (Instruction de sa Majesté Impériale Catherine II. Pour la commission chargée de dresser le projet d’un nouveau code de lois) est le document que l’impératrice avait rédigé à l’intention de la commission chargée de dresser le projet d’un nouveau code. Catherine II y insiste sur la nécessité de procédures judiciaires plus humaines, sur l’inviolabilité de la propriété. L’importance, sinon la prépondérance, de la loi est le leitmotiv de ce document.

[9] L’abolition de la peine de mort ; la constitution des droits des villes et l’affirmation de ceux de la noblesse dans les deux chartes – une pour les villes et une pour la noblesse – promulguées en avril 1785.

[10] Le règne de Catherine est considéré comme l’apogée du servage en Russie. Seules deux ou trois pages du Nakaz sont consacrées à l’état des paysans, qui est décrit en termes trop généraux ; le servage y est tacitement approuvé. En outre, c’est sous ce règne que les dernières mesures réduisant encore les droits déjà presque inexistants des paysans ont été adoptées.

[11] Dans la nuit du 11 au 12 mars 1801 Paul fut assassiné lors d’un complot.

[12] Alexandre Ier réintroduisit, tout d’abord, tous les droits de la noblesse abolis par Paul. Ensuite, il proclama la primauté de la loi afin d’éviter la tyrannie du monarque. Alexandre permit, de nouveau, le fonctionnement les imprimeries privées et supprima l’interdiction d’importer les livres étrangers. En juillet 1804 fut publiée la Loi de censure qui est considérée comme la plus libérale parmi toutes les lois de censure russes. De nouvelles universités furent fondées. « Une réforme très libérale » des universités fut promulguée en 1804, elle « leur donnait une plus grande autonomie, et laissait dans le système d’enseignement une plus grande place à l’initiative des étudiants » (Jean Bonamour, A. S. Griboedov et la vie littéraire de son temps, Paris, PUF, 1965, 454 p., p. 62.). Enfin, certaines mesures, bien que très restreintes, furent prises afin d’améliorer le statut des paysans asservis.

[13] Voir à ce propos, par exemple : Constantin de Grunwald, Alexandre Ier, le tsar mystique, Paris, Amiot-Dumont, 1955, p. 64-74.

[14] T. N. Žukovskaâ, op. cit., p. 19. «Знакомство российского читателя с действующими европейскими конституциями состоялось еще в первом десятилетии XIX в. благодаря “Вестнику Европы” ».

[15] Notre aperçu rapide de l’histoire politique russe de la fin du XVIIIe siècle et du début du XIXe permet de comprendre que le règne tyrannique de Paul constituait une sorte d’« exception ». C’est pourquoi, au début du XIXe siècle en Russie, on consacra beaucoup de réflexions et de nombreux débats à l’analyse de ce règne.

[16] Voir : Vera M. Bokova, « Bespokojnyj duh vremeni. Obŝestvennaâ myslʹ pervoj treti XIX v. [L’Esprit turbulent du temps. La pensée sociale au premier tiers du XIXe siècle] » in Očerki russkoj kulʹtury XIX veka [Etudes sur la culture russe du XIXe siècle], vol. IV « Obŝestvennaâ myslʹ [La pensée sociale] », Moscou, Izdatelʹstvo Moskovskogo universiteta, 2003, p. 24.

[17] V. Léontovitch, op. cit., p. 54.

[18Ibid., p. 54.

[19] V. M. Bokova, art. cit., p. 33. «Суммируя уроки, преподанные русскому обществу сначала событиями во Франции, а затем правлением Павла и его печальным концом, можно сказать, что они вызвали отвращение к любому радикализму – как к «разгулу черни», так и к крайностям «железного жезла», а также возбудили тоску по стабильности, умеренно твердой и разумной власти и устойчивой политической системе».

[20] D. Bagge, op. cit., p. 22.

[21] F. Ponteil, op. cit., p. 59.

[22] D. Bagge, op. cit., p. 51.

[23] B. Constant, « Principes de politique » in Cours de politique constitutionnelle et collection des ouvrages publiés sur le gouvernement représentatif , vol. 1, Paris, Guillaumin, 1872, p. 9.

[24Ibid., p. 19.

[25Ibid., p. 13-14.

[26Ibid., p. 13–14. Voir également : Ibid., p. 112.

[27] Voir : Ibid., p. 15.

[28Ibid., p. 146.

[29Ibid., p. 146–147.

[30Ibid., p. 126.

[31Ibid., p. 126.

[32Ibid., p. 72–73.

[33Ibid., p. 148.

[34Ibid., p. 155. C’est nous qui soulignons.

[35Ibid., p. 154,72.

[36] V. Léontovitch, op. cit., p. 47.

[37] B. Constant, « Principes de politique » in Cours [...], op. cit., p. VI.

[38] Aleksandr D. Gradovskij, cité dans : V. Léontovitch, op. cit., p. 60.

[39] V. Léontovitch, op. cit., p. 60.

[40] Seul Lev A. Cvetaev mentionne le Sénat mais seulement dans le contexte de l’impuissance de celui-ci devant la dictature napoléonienne. Voir : L. A. Cvetaev, Panorama Pariža, ili opisanie sego goroda i ego dostopamâtnostej v nynešnem ih sostoânii [Panorama de Paris, ou La description de cette ville et de ses curiosités en leur état actuel], Moscou, V tipografii Ponomareva, 1806, 336 p., p. 336.

[41] Les troupes russes ont franchi le Rhin en janvier et elles sont entrées à Paris à la fin de mois de mars 1814.

[42] L. A. Cvetaev, op. cit., p. 143.

«Ни в одном городе нет столько Журналов, ни в одном городе не выходит ежедневно столько газет, нигде так охотно их не читают как в Париже».

[43Ibid., p. 112–113.«Но нельзя здесь не упомянуть о кабинетах чтения, которые можно найти на всякой главной улице ; в них за пять су за раз, или за пять франков в месяц можно читать все возможные Французские, а в некоторых и иностранные, журналы и газеты, ученые и политические, также все вновь выходящие книги».

[44Ibid., p. 130. «есть сотни книжных лавок и Типографий». Voir également : Ibid., p. 143.

[45] Voir : Ibid., p. 154-155.

[46] Fëdor N. Glinka, Pisʹma russkogo oficera o Polʹše, avstrijskih vladeniâh, Prussii i Francii s podrobnym opisaniem Otečestvennoj i zagraničnoj vojny s 1812 po 1815 goda [Lettres d’un officier russe sur la Pologne, les possessions autrichiennes, la Prusse et la France avec la Description détaillée de la guerre en territoire national et des campagnes étrangères de 1812 à 1815], Moscou, V tipografii S. Selivanovskogo, 1815–1816, partie VII, p. 141. «Здесь всякий имеет право браниться с Генералом : это ешё остатки прежней златой вольности !». C’est nous qui soulignons.

On se demande si la différence d’attitude entre Cvetaev et Glinka provient de la différence des objets sur lesquels portent leurs jugements ou bien si elle s’explique plutôt par la diversité des conditions de leur séjour en France.

[47] Voir : L. A. Cvetaev, op. cit., p. 247.

[48] Veprejskij, « Iz častnyh pisem oficera Veprejskogo na rodinu [Les extraits des lettres privées de l’officier russe Veprejskij envoyées chez lui] », Russkij Arhiv [Archives Russes, désormais – RA], 1890, livre III, N° 11, p. 351.

«Мне нравится то, что здесь для всякаго свои занятия ; например, в этот день [религиозный праздник – M.G.] обедня, процессия и театр в одно время : кому что нравится, тот туда и идет».

[49] Voir : F. N. Glinka, op. cit., partie VIII, p. 216.

[50] L. A. Cvetaev, op. cit., p. 183. «мастеровые находят балы, в которые платят только по 8 су за вход, и они танцуют там досыта с своими красавицами, не чувствуя нужды напиваться допьяна»

[51Ibid., p. 261. «Париж тем единственный город, что и богaтый и бедный может в нем равно наслаждаться жизнию ; богатый найдет средство миллионы промотать, а бедный с малыми деньгами насладиться теми же удовольствиями».

[52Ibid., p. 69–70. « Заведения для народного просвещения. Вот истинное-то богатство Парижа ! [...] сколько библиотек ! сколько [...] музеев [...] ! Есть оныя и в других городах Европы, хотя и не в таком количестве, но чтоб пользоваться ими, надобно иметь титло, знакомство, деньги ; в Париже все для всякого открыто ; для бедного и богача »

[53] Nikolaj N. Muravʹev, « Zapiski Nikolaâ Nikolaeviča Muravʹeva [Notes de N. N. Muravʹev] », RA, 1886, livre I, N° 2, p. 111. « В величественном здании сем инвалиды живут гораздо лучше нашего брата ».

Voir également : F. N. Glinka, op. cit., partie VIII, p. 165.

[54] Voir : L. A. Cvetaev, op. cit., p. 172–176.

[55] Voir : Ibid., p. 241.

[56Ibid., p. 242. «[французский] солдат не знает палки».

La bastonnade était chose courante dans l’armée russe.

[57] Veprejskij, op. cit., RA, 1890, livre III, N° 11, p. 352.

« Я здесь в Нанси уже месяц [...] армия наша в таком теперь виде, в каком никогда не бывала [...] все сделалось ловко без палок ; редко слышно, чтобы случилась какая-нибудь шалость. Отчего ? От того, что солдаты всем довольны и начинают чувствовать, что они : « Pisʹmo praporŝika Sofijskogo pehotnogo polka Vasiliâ Č-ina k roditelâm [Lettre de Vasilij Č-ine – enseigne du régiment d’infanterie Sofijskij – à ses parents] », Russkaâ Starina [Antiquités Russes, désormais – RS], 1887, vol. 56, p. 846.

[58] Voir : V. I. Semevskij, op. cit., p. 129.

[59] Remarquons que pendant son activité importante au sein de l’Union du Bien Public, F. N. Glinka considérait le caractère public des procès judiciaires comme l’un des premiers objectifs à atteindre. Voir : Vassilij G. Bazanov, « F. N. Glinka » in F. N. Glinka, Izbrannye proizvedeniâ [Œuvres choisies], Leningrad, Sovetskij pisatelʹ, 1957, 501 p., p. 19.

[60] « Le développement de l’opinion publique fournit une autre garantie efficace contre la violation des lois par l’exécutif ». V. Léontovitch, op. cit., p. 76.

[61] F. N. Glinka, op. cit., partie VIII, p. 196. « Мне чрезвычайно нравится то, что все важнейшие дела решатся здесь открыто ».

[62] L. A. Cvetaev, op. cit., p. 285. « Чернь не знает законов гражданских, но имеет общий смысл правосудия; ибо у всякого есть совесть ».

[63] Voir : L. A. Cvetaev, op. cit., p. 334.

[64] « Il est plus facile de conquérir dix pays étrangers que d’offrir à son pays dix lois qui rendraient heureuse la génération actuelle et seraient bénies par la descendance ». F. N. Glinka, op. cit., partie VIII, p. 201.« Легче завоевать десять чужих царств, нежели подарить своему десять законов, которые бы ощ[сч]астливили настоящее поколение и благословлялись бы потомством ».

[65] L. A. Cvetaev, op. cit., p. 274. « Советники живо памятовали, что они пишут его не для Профессоров, но для всего народа, который, чтоб мог исполнять, должен понимать их ».

[66Ibid., p. 292. « Они отличаются правотою, благоразумною свободою и умеренностию ».

[67] Voir : Ibid., p. 290.

[68Ibid., p. 290.

[69] Les conditions du séjour des troupes alliées sur le sol français durant les campagnes de 1814-1815 ont été réglementées par une série d’ordres qui émanaient de l’état-major de l’armée réunie aussi bien que des quartiers généraux de chacun des alliés. Les Français reçurent des quittances qui leur donnaient le droit d’être payés par le gouvernement de Louis XVIII.

[70] Voir : F. N. Glinka, op. cit., partie VII, p. 136.

[71] Il est également évident que le jugement du mémorialiste russe manque de profondeur. Les autorités locales avaient été mises en place par Napoléon et les paysans craignaient que les décisions prises par ces autorités ne fussent pas honorées par les nouveaux pouvoirs que le Roi ne manquerait pas de mettre en place ; c’est donc plutôt de la crainte d’obéir aux ordres d’un pouvoir déchu et de ne pas voir le remboursement promis, que de la désobéissance civique.

[72] Mihail I. Kahovskij s’indigne, lui aussi, de voir les civils oser demander les quittances et le paiement de chaque service. Voir : M. I. Kahovskij, « Zapiski generala Kahovskogo o pohode vo Franciû v 1814 g. [Le carnet de route du général Kahovskij sur la campagne de France en 1814] », RS, 1914, vol. 157, N° 3, p. 677, 682.

[73] Voir : N. N. Muravʹev, op. cit., RA, 1886, livre I, N° 2, p. 105.

[74] La résistance peu et mal organisée dans le pays contre l’invasion de 1814 ainsi que la rencontre presque festive des troupes alliées organisée par les royalistes dans Paris en ont été les preuves, selon les Russes. Ceux-ci ne semblent pas prendre en compte l’épuisement du pays et de la population, ni l’ardent désir de paix de cette dernière.

[75] Voir : « Pisʹmo iz Pariža, 24 aprelâ 1814 goda [Lettre de Paris, du 24 avril 1814] », Ŝukinskij sbornik [Recueil Ŝukin, désormais – Ŝs], fasc. I, Moscou, Tovariŝestvo tipografii A. I. Mamontova, 1902, V, 448 p., p. 413 ; Tihanov, Voennye zapiski kapitana Tihanova [Les notes de campagne du capitaine Tihanov], Rossijskij Gosudarstvennyj Voenno-Istoričeskij arhiv [Archives Russes d’Etat d’histoire militaire, désormais – RGVIA], fond Voenno-Učënogo arhiva [Fonds des Archives de la Commission des Spécialistes de l’Histoire Militaire, désormais – Fonds VUA], dossier 3429, partie III, p. 344v ; N. N. Muravʹev, op. cit., RA, 1886, livre I, N° 2, p. 105 ; Konstantin N. Batûškov, « Pis’ma K. Batûškova k N. Gnediču [Lettres de K. Batûškov à N. Gnedič] », RS, 1883, vol. 38, N° 6, p. 537.

[76] L. A. Cvetaev, op. cit., p. 31-32.

[77] Voir : F. N. Glinka, op. cit., partie VIII, p. 48.

[78] Voir : F. N. Glinka, op. cit., partie VIII, p. 212–214.

[79Ibid., p. 243. « Со времени Революции дети начали говорить [...] отцу, матери и сестре : [...] ты, а кучеру, лакею и горничной девке : вы ».

[80] Voir : L. A. Cvetaev, op. cit., p. 246–247.

[81] Voir : « Pisʹmo iz Pariža [...] », op. cit., Ŝs, op. cit., fasc. I., p. 414.

[82] T. N. Žukovskaâ, op. cit., p. 27. « официальный либерализм Александра I с его установкой на дарование “законно-свободных учреждений” самой верховной властью в обстановке внутренней стабильности при полной пассивности общества ».

 

Pour citer cet article

Maya Goubina, « Quelques aspects de l'essor du libéralisme en Russie au début du XIXe siècle », in Sylvie Martin (dir.) Circulation des concepts entre Occident et Russie, [en ligne], Lyon, ENS LSH, mis en ligne le 10 décembre 2008. URL : http://institut-est-ouest.ens-lsh.fr/spip.php?article145