Religion et nation 2011-2014

Projet proposé par Michel Niqueux (Université de Caen)

Pendant le quadriennal 2011-2014, les thèmes de recherche précédemment définis pour l’axe « Religion et Nation » seront poursuivis. La plupart de ces recherches s’appuient sur les fonds slaves de la Bibliothèque Diderot de Lyon.

I - Religion et identité nationale

  • la religion comme facteur d’identité nationale (étude du processus de “russification” ou de nationalisation de la foi orthodoxe [philétisme])
  • les rapports entre l’État et l’Église orthodoxe (juridiction, pratique)
  • l’activité missionnaire de l’Église orthodoxe
  • l’attitude de l’Église orthodoxe envers les autres religions
  • l’activité du Saint-Synode (d’après les rapports d’activité annuels)
  • la pensée philosophico-religieuse des XIX°-XX° siècles et le problème des rapports de l’Église et de l’État (slavophiles, « chercheurs de Dieu », « Église vivante »)
  • la place de la religion dans la culture russe (littérature, arts)

II – Religion et relations internationales

  • les relations théologiques avec l’Occident
  • les relations diplomatiques avec le Saint-Siège
  • la présence orthodoxe russe à l’étranger (l’Église et la diplomatie russe, les relations avec les autres Églises orthodoxes notamment dans les Balkans, les monastères de l’Athos et de Terre Sainte, les récits de pèlerins, les églises russes en Europe occidentale).

Ces recherches constituent deux ensembles temporels, l’un actuel, l’autre historique :

I - L’Église orthodoxe et l’État russe aujourd’hui

L’Église orthodoxe occupe de facto une place privilégiée dans le paysage politique russe et notamment dans le processus de reconstitution de l’identité nationale. Après l’élection d’un nouveau patriarche, Cyrille, début 2009, il sera intéressant de suivre l’application des principes « civilisationnistes » dont il est l’un des principaux idéologues : en s’opposant aux « universalistes », les « civilisationnistes » (tel Samuel Huntington) estiment que le monde est divisé en blocs de civilisations fondés sur la religion, d’où une conception des « droits des peuples » opposé aux « droits de l’homme » universels, qui entraîne une critique « culturaliste » de la mondialisation (sur ces questions, voir les travaux de Marlène Laruelle, Kathy Rousselet, A. Verxovksij, A. Mitrofanova et al.). Ce point de vue suscite des réserves parmi l’intelligentsia et au sein même de l’Église orthodoxe. Il conviendra de suivre attentivement ces phénomènes, qui ne se réduisent pas à une opposition entre « conservateurs » et « modernistes ».

Ainsi, A. Bourmeyster (Grenoble) continuera à suivre la question de la « conception russe » des droits de l’homme et étudiera la manière dont le rôle de l’orthodoxie et des autres religions est présenté dans les manuels d’histoire ou de « culturologie » ; I. Després (Grenoble) étudiera l’impact de l’orthodoxie sur le champ littéraire.

II - L’Église orthodoxe, l’État et la société au XVIII°-XIX° siècle

Les tendances actuelles de l’Église orthodoxe ont en partie leur source dans l’histoire passée. A Lavrov (Paris VIII) poursuivra ses recherches sur le pouvoir ecclésiastique local du milieu du XVII° siècle au milieu du XVIII° siècle.

L’étude des rapports des hauts-procureurs du Synode, entreprise par A. Nivière (NancyII) sera envisagée comme une comme source de documentation encore peu utilisée, à comparer avec d’autres sources.

L’attitude de la noblesse russe (souvent désignée comme « voltairienne ») envers la religion sera étudié par Irène Baïdine Semenov-Tian-Chansky (Caen) à partir de sources inédites.

Les écrits de B. Tchitcherine (1828-1904), historien et juriste libéral, sur la religion, seront analysés par Sylvie Martin (ENS de Lyon).

Un aspect des conversions d’orthodoxes à une autre religion (interdites par la loi jusqu’en avril 1905), à savoir les conversions d’orthodoxes au catholicisme dans la première moitié du XIX° siècle, sera étudié par M. Niqueux (Caen) à partir d’autobiographies (rédigées en français). Sera aussi abordée la question des « missions intérieures » (à destination des vieux-croyants et des sectes), en fonction de l’évolution de la législation religieuse.

La coexistence de recherches sur l’Église aux XVIII°-XIX° siècle et à l’heure actuelle permettra de déterminer les invariants et les changements présents.

Fonctionnement

  • Deux journées d’études ;
  • Six séjours de recherche de 3 jours dans les fonds slaves de l’ENS de Lyon ;
  • Achat de livres.