Introduction

Garik GALSTYAN

Maître de conférences en civilisation russe et soviétique, université Lille 3, CECILLE

Maryline DUPONT-DOBRZYNSKI

Maître de conférences en économie, université Charles de Gaulle - Lille 3, laboratoire de recherches EQUIPPE


Texte intégral


Les anciens pays socialistes ont enclenché en ordre dispersé et à des vitesses variables un processus de transition vers l’économie de marché au début des années 1990. Les pays d’Europe centrale et orientale (PECO) ont demandé leur adhésion à l’Union européenne (UE), ce qui implique, par la mise en conformité avec l’acquis et les politiques communautaires, l’implémentation d’un modèle de gouvernance qu’ils n’ont pas contribué à élaborer et qui a été initié par les pays occidentaux pour répondre aux nouveaux défis de la mondialisation. De son côté, la Communauté des États indépendants (CEI) a renforcé ses liens économiques avec l’UE et doit tenir compte des dynamiques socio-économiques occidentales pour définir sa trajectoire propre. Les contributions réunies dans cet ouvrage se proposent d’étudier les influences sur les PECO et la CEI du modèle de gouvernance de l’UE. Elles partent de l’idée selon laquelle les arrangements institutionnels contemporains résultent de la manière dont se combinent les spécificités nationales, léguées par l’histoire mouvementée des pays de l’ex-bloc socialiste, aux caractéristiques et contraintes présentées par les lignes européennes. Le transfert du modèle dépend de la capacité d’acceptation des structures institutionnelles des pays d’accueil, de leur complémentarité et de leur compatibilité aux arrangements importés.

Les thèmes de recherches sont déclinés selon trois axes. Le premier porte explicitement sur le concept d’européanisation des politiques publiques. Après avoir mené à leur terme les chantiers du marché unique et de l’Union économique et monétaire, et face aux enjeux contemporains, la construction européenne s’est engagée dans une nouvelle phase du processus d’intégration en s’attachant à la question des politiques publiques. La libéralisation économique, le processus de Bologne, la stratégie de Lisbonne et la construction d’un espace européen de la recherche et de l’innovation sont autant d’instruments au moyen desquels l’Europe investit le domaine des politiques nationales par la définition d’un cadre structurel d’intervention. Celui-ci s’impose de manière normative aux nouveaux États membres (NEM) tout en proposant un modèle aux pays de la CEI.

Le second axe déplace la problématique sur le terrain de l’intégration économique, comportementale et culturelle. S’ils affectent les comportements des acteurs économiques et sociaux, le développement des échanges de biens et services et l’accélération de la circulation des capitaux par le biais des firmes multinationales laissent subsister ou dessinent des variétés de capitalisme et des formes de différenciation nationale. Sont questionnées ici la notion de modèle de capitalisme européen et son adoption par les NEM et la CEI du point de vue des flux commerciaux, des capitaux étrangers, des comportements de consommation et des caractéristiques culturelles et institutionnelles.

Le troisième axe interroge l’action normative européenne dans le domaine des valeurs démocratiques et politiques. Ces valeurs européennes ont été présentées aux PECO comme des conditions sine qua none de leur adhésion. Elles structurent également les actions menées par l’UE en coopération avec les pays de la CEI : partenariat stratégique avec la Russie, politiques de voisinage et de partenariat oriental. Elles sont également véhiculées par le Conseil de l’Europe et l’OSCE. L’étude des conceptions de l’État de droit est ici primordiale, tout comme celle des difficultés qui en entravent la diffusion. Sont aussi envisagées les questions concernant la portée de ces valeurs, leur perception dans les représentations culturelles nationales, tout comme celles de leur participation à l’européanisation et à la modernisation des sociétés.

Loin de s’exclure mutuellement et de délimiter des frontières étanches, ces trois axes se font écho dans les contributions ; les auteurs se référant fréquemment à chacune des problématiques afin de révéler la complexité et le caractère multidimensionnel des processus en cours. Cette richesse des approches est, de plus, renforcée par une mise en perspective pluridisciplinaire croisant les études de chercheurs en économie, langues et civilisations, sciences politiques et sociologie.

 

Pour citer cet article


Maryline Dupont-Dobrzynski. « Introduction ». In : Maryline Dupont-Dobrzynski et Garik Galstyan (dir.) Les influences du modèles de gouvernance de l’Union européenne sur les PECO et la CEI. Lyon : ENS de Lyon, mis en ligne le 15 juillet 2011. URL : http://institut-est-ouest.ens-lyon.fr/spip.php?article346